lundi, mai 29, 2006

Art Nouveau / Ecole de Nancy.






L'Art Nouveau n'est plus nouveau.

Le vin nouveau arrive tous les ans après les vendanges, après il n’est plus nouveau, c'est du vin qui va vieillir tous les ans et devenir meilleur. (À boire avec modération.)
L'Art Nouveau s'appellera toujours comme cela alors que ça fait longtemps qu'il est terminé; ça fait un siècle que c'est fini, cent ans.
Est-il devenu meilleur ?
Vous, vous avez connu le début du XXIe siècle en l'an 2000. Ceux qui ont connu l'art nouveau vivaient au début du siècle précédent, en 1900. (À peu près lorsque la lourde tour Eiffel en fer était lancée vers le ciel).
Donc plus personne de vivant n'a connu l'art nouveau au moment où il se fabriquait.
Heureusement, il reste des traces de cette époque qu'on appelle aussi Modern Style (en anglais).
Le contraire de "moderne", c'est vieux, le contraire de "nouveau", c'est ancien, c'est pareil.
"Moderne" c'est comme "nouveau". Ce n'est plus ni nouveau ni moderne quand c'est vieux.
On dit aussi "La Belle Époque", c'est plus simple à comprendre, mais on vit peut-être nous aussi une belle époque... Alors on devrait peut-être dire style 1900 ?

Où peut-on trouver des traces de cette Belle Époque moderne 1900 d'Art Nouveau ?

On peut trouver des œuvres de cette époque dans certaines grandes villes à condition de bien connaître ce que l'on cherche et de lever le nez.

À Nancy, c'est assez facile de trouver de magnifiques décorations de cette époque juste en marchant, en regardant les maisons et en relevant la tête.
Il faut tout de même apprendre à chercher les détails et les formes de cette époque, sinon on ne sait pas quoi chercher.
L’Art Nouveau aime les courbes, alors c'est assez facile : il faut chercher des courbes.
Si vous trouvez une courbe sur une façade, sur un balcon, sur une fenêtre, ou sur une porte, c'est sans doute de l'Art Nouveau.



Si vous trouvez des décorations qui semblent fondre comme du chocolat c'est une maison Art Nouveau.., à Nancy, on dit "École de Nancy".
Les façades bizarres de maisons avec des courbes que l'on trouve à Nancy ont été dessinées et sculptées par des élèves de l'école de Nancy, qui font de l'Art Nouveau, qui a plus d’un siècle.
Les élèves de l'école de Nancy qui sont des adultes aiment beaucoup les lignes sinueuses des plantes qui montent le long des murs. Ils aiment aussi les fleurs. Les fleurs ne sont pas souvent carrées, triangulaires, et leurs tiges ne sont ni droites ni parallèles ni perpendiculaires.
C'est très simple, l’Ecole de Nancy déteste les formes géométriques.

Ils ne sont pas seuls à ne pas aimer les lignes droites.

(1-) Les pyramides sont triangulaires, les artistes de Nancy n'aimaient pas les volumes simples comme ceux-là.
(2-) Les temples grecs, (3-) les temples romains et (4-) les églises de la renaissance n'ont aucunes courbes non plus ; ce sont juste des triangles isocèles posés sur des lignes parallèles, les colonnes. Ça ne ressemble pas du tout à une plante (mimer ou dessiner).
(5-) Il y a une époque où l'on a sculpté des courbes dans les églises géométriques. Les triangles se sont transformés en arcs et ils ont été décorés par des spirales qu'on appelle volutes. On a appelé cette époque "Le Baroque",
La fumée de cigarettes fait de magnifiques dessins bouclés qu'on appelle "volutes ". Fumer provoque de graves maladies
(6-) puis...,Le Rococo", il y avait encore plus de détails tordus les uns dans les autres.

(7-) Les architectes des cathédrales gothiques aimaient bien les courbes simples, les arcs de cercle ; les arcs de cercle qui se coupent, les arcs de cercle parallèles.
Les cathédrales gothiques sont très anciennes : elles ont sept siècles, 700 ans et elles sont toujours debout, ce ne sont que des pierres empilées, et ça donne l'impression d'être des lianes, les artistes de l'Art Nouveau ont aimé les artistes gothiques.

Il faut retenir que les hommes qui ont construit les maisons ont tantôt aimé ou détesté les lignes courbes.
C'est étrange, il y a des époques où l'on aime habiter dans les courbes et d'autres époques ; non.

Les artistes de l'art nouveau ont écrit dans leur règlement :

"La nature fait de très belles lignes, ce sera notre unique source d'inspiration."


Ceux qui ont construit autrement à cette époque n'ont pas été des artistes de l'Art Nouveau. Leurs règles n'a pas duré longtemps : vingt ans seulement !
Ensuite, la ligne verticale et l'horizontale sont redevenues les reines jusqu'à aujourd'hui ; C'est-à-dire depuis quatre-vingt-dix ans à peu près.
Notre époque n'est pas drôle pour ceux qui aiment les lignes rigolotes comme les nouilles.
À l'époque, pour se moquer de la décoration Art Nouveau, on l'appelait le "style nouille". Il faut plutôt imaginer des spaghettis cuits sans sauce tomate, mais ce n'était tout de même pas aussi tordu… Ceux qui n’aiment pas exagèrent toujours.

Pour les ouvriers, ce n'était pas facile de tailler la pierre dure pour qu’elle devienne souple comme une plante qui grimpe.

Le bois se taille bien, mais ce n'était pas facile pour les menuisiers de faire des fenêtres en forme de fougères. Les carreaux pouvaient avoir les formes et les couleurs que l'on voulait, ils en profitaient quand la pâte de verre était chaude et molle un peu comme de la pâte à tarte.
À cette époque, ils avaient beaucoup de fer, la preuve, la tour Eiffel. Alors ces artistes en utilisèrent beaucoup en le tordant dans tous les sens comme les belles grandes angéliques qu'on trouve dans les prés au printemps. Les balcons donnent l'impression d'être en réglisse.


L'intérieur des maisons a aussi été beaucoup décoré.
L'intérieur des maisons Art Nouveau est à admirer.

Les artistes ont réfléchi et fabriqué tout ce qui doit y avoir dans un appartement pour y vivre. Quand on déménage en principe on emporte les meubles, sa vaisselle, ses objets de décorations...
... Mais, lorsque l'on arrive dans un appartement Art Nouveau tout y est prévu, mêmes les poignées de portes, le porte-parapluie, et les vases pour les fleurs.
C'est assez incroyable, tout se ressemble, tout est un peu mou et lourd, fondu comme des bougies, mais pas ramollo, les lignes sont énergiques, comme la courroie d'un fouet qui claque. On a appelé aussi ce style "le style coup de fouet".
En Allemagne, ceux qui se moquent l’ont appelé "le style ténia". (Du nom du grand vers que l'on pouvait avoir dans l'intestin.)
Il y en avait qui n'aimait vraiment pas les formes que font les lacets de chaussures !

Aujourd'hui, dans les villes d’Europe, il est difficile d'entrer à l'intérieur des maisons Art Nouveau, parce que des gens y vivent tranquillement ou bien tout est transformé depuis 1900.

1- Heureusement il y a des livres qui nous montrent les meubles et les objets qui ont été photographiés.
2- Il y a aussi des musées qui exposent, les meubles bien conservés, les objets et les vases. C'est le cas du musée de Nancy qui présente une collection de plusieurs centaines de vases en pâte de verre plus colorés et modelés les uns que les autres.
3- Il y a aussi à Nancy une maison musée, tout est resté en place, on croirait qu'on rentre chez quelqu'un qui n'a jamais rien acheté dans les supermarchés..., le moindre objet est tarabiscoté, bizarre, très travaillé, mou.
Les volumes des salles de cet appartement n’ont tout de même pas pris les formes des tulipes que les artistes aimaient bien. Elles sont restées cubiques ! C'est un peu dommage que les architectes n'aient pas fait des maisons en forme de citrouille, c'est une belle forme naturelle pour faire un salon à l’intérieur…
À Nancy, ils aimaient beaucoup la fleur de chardon, une plante qui pique, qui les protégeait peut-être des Allemands à cette époque. Les Nancéens ne les aimaient pas. Ils étaient l'ennemi qui s'était installé pas loin de chez eux. Beaucoup d’habitants de Nancy étaient des gens des départements limitrophes qui avaient fui « les Boches ».
Les deux camps venaient de finir une guerre et il y allait en avoir encore deux, mais ils ne le savaient pas encore.
S’injurier et se détester entraîne souvent une guerre.

Les artistes de l’Art Nouveau n'aiment pas le monde des grosses machines qui prenait beaucoup d'importance à cette époque. Ils préféraient les artisans qui travaillaient plus tranquillement, plus soigneusement et plus délicatement.
Il ne faut pas oublier qu'ils aimaient la nature, et pas beaucoup les villes polluées par de grosses usines à charbon fumaient beaucoup plus que celles de nos jours.
Les artistes de l'Art Nouveau auraient aimé que tout le monde puisse habiter dans les belles maisons qu'ils construisaient. Ils auraient aimé que tout le monde mange dans les assiettes qu'ils fabriquaient. Qu’il y ait au milieu de la table un beau bouquet de fleurs composées dans un magnifique vase en pâte de verre coloré.
Croyaient-ils vraiment que tout le monde pouvait se payer cela ?
Ça coûtait cher de sculpter tant de détails sur les meubles et sur les tables ! De plus, ils utilisaient souvent l’ivoire, la nacre, le cristal, le cuir, le bois des îles, l’or, l’argent, la porcelaine…

Finalement il n'y eut que les gens riches (la bourgeoisie) pour s'acheter un tel luxe.
Ce fut le bon goût des gens riches de l'époque.
La main d’œuvre coûtait cher, c’était très long de fabriquer des choses compliquées comme :
- Les chaises escargots (de Carlo Bugatti),
- Un lit papillon incrusté de bois exotiques et de nacre ( de Majorelle).
- Les vases champignons (de Gallé),
- Les vases crocus, les balcons fougère (de Gaudi),
- Les entrées de métro en lianes (de Guimard),
- Une coupole corolle vitrée (de Horta).

Donc, que des travaux d’artisans et pas d’usine ; pas toujours !
Les vases et les lampes de chevet d’Émile Gallé plaisaient tant, il en vendait tellement qu’il les a fait faire à la chaîne à l’usine pour que tout le monde puisse en acheter, mais c’est une exception. Fabriqués à la chaîne ces objets devinrent moins beaux ; quand on fait trop vite les choses compliquées, elles peuvent être moins réussies.


Il en a tant vendu, qu’une décennie plus tard, ça a dégoûté tout le monde, plus personne n'en voulait, ils les mettaient au grenier. C'était devenu signe de mauvais goût pour tout le monde.

Et maintenant, il y a des gens qui les aiment bien "à Nouveau" les lampes.
Ce sont de très belles lampes quand il s'agit des véritables lampes de cette époque. Le problème c'est qu’il n’y en a plus beaucoup, du coup, les magasins en vendent des toutes neuves, elles sont encore moins authentiques, et ça dégoûtera bientôt encore tout le monde.
C'est le cercle infernal des lampes Art Nouveau et du serpent qui se mord la queue.




Allez boire un verre à L’Excelsior !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Documentaire très intéressant, bravo. :)